L'intérêt personnel des collaborateurs passe après celui - général - de l'entreprise. La règle du jeu semble communément admise. A juste titre?
Sempach,
1386. Les Confédérés ne parviennent pas à percer les lignes des fantassins
ennemis. Arnold (von) Winkelried saisit une brassée de lances habsbourgeoises
et se transperce volontairement le corps. Il ouvre ainsi la brèche qui
permettra à ses camarades de vaincre.
Je
reste marqué par cette légende, profondément vivante en moi. Me sacrifier pour
autrui: quoi de plus merveilleux?
Corps et âme pour
les autres
Nous
sommes nombreux - du moins sous nos latitudes - à considérer comme normal de
nous investir, de nous donner corps et âme pour les autres. Mais est-il bien
sain de faire passer, systématiquement, nos propres besoins après ceux de nos
congénères? N'est-ce pas là source de frustration, potentiel d'explosion à
venir?
Les
entreprises feraient bien, à mes yeux, de s'intéresser de plus près aux motivations
individuelles de chacun de leurs collaborateurs. Pour leur laisser la
possibilité - autant que faire se peut - de réaliser ce qui leur tient à coeur.
Avec, pour corollaire, une productivité accrue. Le résultat d'ensemble n'est
autre que la somme des contributions individuelles...
Les deux faces
d'une même médaille
"Le
pur intérêt personnel est devenu à peu près indéfinissable, tant il y entre
d'intérêt général, tant il est difficile de les isoler l'un de l'autre",
constate en 1932 Henri Bergson, dans "Les deux sources de la morale et de
la religion".
J'irai plus loin: intérêt personnel et intérêt général sont indissociables. Ils forment les deux faces d'une même médaille. Immoler le premier sur l'autel du second, c'est sacrifier l'entreprise. Autant que ses collaborateurs.