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L'appel du large

La famille et l'école ont les meilleures intentions du monde. Mais elles brident les passions, elles étouffent les vocations. En se montrant trop "raisonnables".

Septembre 2009. Bridget, trentenaire d'origine anglo-saxonne, me contacte pour un bilan professionnel. Elle oeuvre auprès d'une grande multinationale. "Cela fait neuf ans que j'ai un travail pour payer mes factures, me confie-t-elle. J'ai la sensation que je ne trouve pas mon chemin… Je rêve de faire ce qui me plaît."

"Lorsque l'appel du large se fait irrésistible / Tu me fais l'instrument de mes élans profonds", fredonne Christiane Courvoisier, en écho aux confidences de Bridget…

Et mon interlocutrice de poursuivre: "J'étais attirée par les études d'art. J'ai écouté la tête, pas le cœur…" Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas: combien sommes-nous à avoir opté pour une formation, un métier "raisonnables"? Quitte à étouffer dans l'œuf, sinon notre vocation profonde, du moins notre intérêt marqué pour une autre activité professionnelle?

J'en appelle aux parents, aux enseignants, aux conseillers en orientation: donnez aux jeunes le temps, les outils, les expériences pour leur permettre d'identifier ce qui les motive vraiment. N'imaginez pas pouvoir le faire pour eux. L'enfer est pavé de bonnes intentions…

"Je savais bien qu'un jour je lâcherais enfin / Ce cartable trop lourd, cette raison coupable", chantonne Christiane Courvoisier, ouvrant les portes de la seconde chance…

Mai 2010. Bridget a quitté la multinationale qui l'employait. C'est un quotidien régional qui me l'apprend: elle vit désormais de son art. Dans quelle mesure aurai-je contribué à sa réorientation? Je l'ignore. Peut-être aurai-je simplement su la respecter, écouter ses aspirations. Admirer la flamme tout au fond d'elle... et ne pas poser l'éteignoir dessus.

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